Hier soir avait lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, l’occasion pour la France, et le groupe LVMH1, de célébrer ses couleurs, son esprit libertin et sa démocratie bourgeoise, au grand dam de certains qui ne s’attendaient certainement pas hier matin à être autant éberlués mais un peu quand même à en juger par la quantité d’encre et de larme qui a coulé dès qu’Aya Nakamura eut été officialisée pour la cérémonie.

Quel spectacle ! Haut en couleur, rempli de tableaux, dans les deux sens, mémorables, de prestations vocales et corporelles sublimes, mention spéciale à Philippe Katerine pour sa prestation2 au milieu d’une Cène digne d’un Festin des Dieux3, bigarrée, multigénérationelle et incroyablement camp.

Cette cérémonie, à contre-courant sans doute d’une part croissante de nos concitoyens animés par une haine de l’autre, fabriquée pour mieux diviser, en témoigne les récentes déclarations de notre cher Président à ce sujet4, a su susciter les réactions de la gauche radicale : J’vous jure pendant toute la cérémonie j’ai cru qu’on avait un gouvernement de gauche, c’était trop bien5.

Est-ce là donc la marque de la gauche ? Je sais ces combats importants, nous ne sommes qu’un et une multitude à la fois, nos différences sont autant de forces qu’elles ne sauraient être prétextes à nous diviser et qu’il est beau ce monde aux mille couleurs de l’arc-en-ciel. Mais enfin, ce qui nous distingue du libéralisme, n’est-il pas notre amour pour nous, pour les travailleurs ?

Ne méritons-nous pas un tableau, une scène où nous exprimer ? N’offrons-nous pas, par notre conscience de classe, une solution aux anxiétés de la jeunesse, sujet pourtant d’un des tableaux ? Ou devons-nous n’être réduits qu’au simple statut de serviteurs de la bourgeoisie, produisant gaiement des valises de luxe ? Devons-nous recevoir lointaines célébrations, au détour d’un message sur les réseaux sociaux, simples faire-valoir de la démocratie bourgeoise ?

Au fond que de l’amour, nous avons, du moins je l’espère, les mêmes rêves et les mêmes horizons, les mêmes idéaux et les mêmes combats, tâchons de faire renaître la flamme de cette lutte si vitale et continuons tout de même à apprécier la beauté du monde. Pour que ces lumières multicolores continuent de briller de mille feux, éloignons-nous de la politique bourgeoise qui finit toujours par révéler son vrai visage6.